Lire autre chose que des romans ?

En tant qu’auteur ou autrice vous avez sûrement entendu le conseil qu’il faut lire beaucoup afin de développer son vocabulaire, son style, son imagination, mais également pour apprendre à structurer un roman et pour savoir ce que vous aimez lire et donc ce que vous aimerez écrire tout cela dans le but de ne pas répéter les « erreurs » des autres auteurs ou autrices. Même si les erreurs des uns ne sont pas les erreurs des autres et que ce mot correspond plutôt à ce que l’on aime ou n’aime pas en tant que lecteur ou lectrice.

Lire beaucoup est un conseil qui paraît justifier. En danse, il est même conseillé de regarder beaucoup de ballet pour apprendre. Les plasticiens sont même encouragés à regarder beaucoup d’oeuvres. Ce n’est pas un conseil en l’air. Je pense qu’il est important de lire lorsque l’on veut écrire et même lorsque l’on ne le veut pas. Lire développe des facultés différentes comme les connaissances, l’imaginaire, le vocabulaire etc.

Seulement voilà, j’ai l’impression que pour les auteurs et autrices lire beaucoup se résume à lire des romans. Après tout, si l’on veut être romancier c’est peut-être le mieux, non ? Franchement, je ne sais pas. J’aimerais bien avoir une réponse toute faite et universelle, mais je n’en ai pas. Je crois qu’il faut forcément lire des romans à un moment ou un autre si l’on souhaite écrire des romans, qu’il est tout aussi important de lire des biographies si l’on souhaite se confronter à ce genre, qu’il est utile de lire de la poésie si l’on cherche à écrire des poèmes. Vous pouvez décliner cela à l’infini. Mais faut-il UNIQUEMENT lire des romans ? J’ai dû mal à répondre à cette question. Tout d’abord, pourquoi il faudrait quelque chose en particulier ? Qui a dit que lire doit se résumer à des romans ?

J’ai peut-être une vision biaisé de la lecture et mon avis risque d’être peu compris, mais je crois que lire uniquement des romans n’est pas une bonne solution, en tout cas, que ce n’est pas la seule solution.

Dans un roman, il est possible d’avoir besoin d’écrire une biographie, un article de presse, un passage « scientifique », un passage « théologique » etc. Disons que selon les besoins du roman que l’on écrit, il est possible de mêler plusieurs format, du coup, cela peut-être utile d’avoir déjà lu des textes différents rien que pour avoir une petite idée de la manière dont ils sont construits.

Ensuite, je pense que lire uniquement des romans n’aide à développer ses connaissances. En dépit des recherches que peut avoir effectué un auteur pour rédiger son roman, cela ne reste qu’un roman et non un ouvrage scientifique ou un essai. Prenons l’exemple des romans policiers, ne lire que des romans policiers ne va pas forcément aider pour savoir comment se déroule des investigations policières, comment se mène une enquête et ne vous apprend rien sur la criminologie ou la victimologie de terrain, parce que ce sont des romans et que toutes ces choses ne seraient pas intéressantes dans un roman. Les récits ont besoin d’un rythme et le rythme policier et judiciaire est nettement plus long. A un moment, il faut bien se confronter à des connaissances de terrain même si elles ne seront pas utilisées. Bien entendu, avec internet on peut palier à tout cela assez facilement, mais le charme est différent.

Surtout, je trouve cela dommage de se concentrer uniquement sur des romans car il y a des tas de livres très intéressants qui ne sont pas des romans, mais qui offrent beaucoup de connaissances, qui sont très enrichissantes et qui aident à trouver l’inspiration. En tant qu’écrivaine, je suis curieuse et j’aime bien apprendre de nouvelles connaissances. Je me suis souvent surprise à développer du plaisir à lire des livres « sérieux » après avoir découvert une thématique dans un roman. Par exemple après avoir lu Autant en Emporte le Vent, je me suis beaucoup intéressée à la guerre de Sécession et aux vêtements historiques. Après avoir lu Entretien avec un vampire, je me suis passionnée pour les vampires que ce soit les légendes, le trouble psychiatrique et de fils en aiguilles à la culture slave. ce sont des sujets que je n’aurais jamais pu découvrir de moi-même.

Pourquoi je ne lis pas seulement des romans ?

Je lis beaucoup d’autres ouvrages tout simplement par plaisir, je comprends que l’on ne puisse aimer que la lecture de romans et c’est d’ailleurs très bien, mais pour moi, c’est dommage de ne pas profiter des enseignements que l’on trouver dans d’autres formes littéraires. Et puis, c’est quand bien de pouvoir découvrir d’autres manière d’aborder les connaissances et les recherches. C’est aussi un réel plaisir de lire des livres qui me plaisent, qui m’interpellent et qui me donnent de la joie, je crois que c’est d’ailleurs ce qui compte le plus.

En ce moment, par exemple, j’ai très envie de lire des livres sur le féminin sacré, sur les Déesses et sur les premières civilisations humaines. Ce que j’y trouve ce n’est pas le même plaisir que de lire un roman, mais beaucoup d’inspiration, de connaissances et des idées sur ce que j’aimerais développer plus tard dans mes livres.

J’aime tout ce que je découvre dans les essais. Parfois, je me rends même compte de ce que je ne voudrais pas voir dans un roman et ce qui me dérange en tant que lectrice. Si je prends ma dernière expérience de lecture, Lady Sapiens, j’ai pu remarqué un énorme défaut. Dans Lady Sapiens l’introduction et le premier chapitre se consacrent à expliquer les problèmes posés par les débuts de l’archéologie vis-à-vis de la vision des femmes durant le paléolithique. Il est d’ailleurs expliqué que les artistes du 19eme se sont basés sur les recherches du 19eme pour établir ce qu’était une femme à l’ère du paléolithique mais que – gros problème – le souci c’est qu’il s’agit d’une vision très dix-neuvième de la femme. Il me semble qu’une fois ce constat établit, il n’est plus nécessaire de revenir dessus et bien non, toutes les 15/20 pages les auteurs répètent ces informations. Seulement voilà, ces répétitions cassent la lecture, coupent en deux une idée et les enseignements importants. Vous sentez le problème quand on est en train d’apprendre quelque chose de capital et qu’une information déjà bien expliquée fait son apparition et empêche la compréhension ? Eh bien voilà, c’est un problème. Je n’avais jamais pensé à cela en écrivant mes romans et maintenant je ferais très attention à la répétition des informations, à la manière dont je les insères et les raisons pour lesquelles je le fais.

Les avantages :

Lire des livres de psychologie ou de développement personnel aident à construire des personnages plus complexes. De même lire des livres sur la criminologie permet de comprendre les personnages, leurs actions, savoir comment s’effectuent des recherches criminels, comment se conçoivent certains types de personnalités. On peut y puiser plus d’inspiration en découvrant des sujets totalement inconnus. On peut se former sur d’autres thématiques et enrichir sa vie quotidienne. On peut avoir des connaissances qui ne servent pas qu’en tant qu’auteur mais dans les autres domaines de son existence et c’est génial. Garder le plaisir de lire des romans et de lire tout simplement. Personnellement, j’y vois beaucoup de points positifs.

Les inconvénients :

Le seul problème à cela, c’est que du coup, je lis peu de romans, en tout cas pas autant que je ne le souhaite. Tout simplement parce que je ne peux pas tout lire en même temps. Je vois souvent des romans sur les réseaux sociaux et je me dis : « mince, je n’ai rien lu, je n’ai aucune culture, c’est dommage. » Sincèrement, j’ai l’impression d’être une écervelée qui n’a rien lu, qui ne sait rien et qui n’a que peu de connaissances sur le monde littéraire alors que c’est justement ce que l’on me demande. J’ai de grosses lacunes en termes de connaissances sur les genres littéraires. En dépit de cela, je ne me vois pas ne lire que des romans comme je le faisais avant.

La révélation qui dérange :

J’avais remarqué que je passais trop de temps à lire des romans et que ce que j’y cherchais n’était pas le plaisir, la détente et l’acquisition de connaissances littéraires pour mon métier, mais bien une fuite en avant. Je pouvais passer des journées entières ou des nuits à lire des romans et à fuir la réalité. J’ai fais cela avec les jeux vidéos et les films. Je pense qu’à cause de cette expérience, j’ai beaucoup de mal à me dire que je ne devrais lire que des romans qu’importe que ce soit en tant qu’autrice ou que simple lectrice. Je pense qu’il faut savoir pourquoi l’on décide de ne se plonger que dans certains types de divertissements et pourquoi l’on y consacre beaucoup de temps. En réalité qu’importe ce que l’on fait, il faut que cela reste un plaisir et non un moyen d’échapper à la réalité et à son quotidien. J’ai passé des années à fuir la réalité tant en me plongeant dans la lecture intensive, dans les jeux vidéos, les films. Je voulais vous partager cette expérience pour que vous compreniez que mon avis sur la lecture n’est pas celui de tout le monde et que c’est même divergeant. Avec le temps, j’ai de moins en moins envie de vous montrer une image positive de moi et de jouer l’honnêteté parce qu’il n’y a aucune honte à avoir quand on souffre de problèmes psychologiques ou que l’on en a souffert. Il faut savoir accepter son passé et faire les choses au mieux pour soi et pour son bonheur.

Ma conclusion :

Je pense qu’être auteur ou autrice demande une certaine formation, lire des romans en fait parti, mais lire des romans ne doit pas remplacer les recherches que l’on peut faire et surtout le fait de se faire plaisir en lisant des oeuvres qui donnent envie de s’y plonger. Par contre, c’est un peu dommage de ne lire qu’un seul style ou qu’un type de livre sans essayer d’autres et c’est ce que je vais essayer de faire en 2022. Essayer des choses différentes, se faire plaisir, s’étonner et découvrir. En tout cas, il n’y a aucune obligation à lire des romans en particulier, ni à en lire un certain nombre chaque semaine.

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